Volume 2, No. 5, 28 août 2003
Projets
en ERE
Un projet d'éducation relative à l'environnement
grandeur nature
Environnement, voilà un terme aux multiples significations.
Il nous reste encore à apprivoiser ce concept et à
développer des connaissances et modes de vie nous permettant
de tendre vers un avenir. Annie Letendre a élaboré
un projet d'éducation relative à l'environnement
qui vise un approfondissement du savoir relié à
la qualité de l'air, aux changements climatiques et
aux transports. Cette initiative est également axée
sur l'identification des habitudes de vie ayant une moindre
empreinte sur l'environnement.
Une centaine de jeunes du secondaire seront ainsi invités
à participer aux activités débutant cet
été. La première rencontre permettra
d'évaluer les connaissances et les habitudes de vie
liées aux transports. Puis, aura lieu la fin de semaine
environnementale; trois jours sur une île en pleine
nature, endroit libre du bruit de fond de l'activité
humaine, à proximité du site de l'Aux Berges
du Lac Castor.
Jeunes, accompagnateurs et animateurs formeront des communautés
d'apprentissage et identifieront les sources d'émissions
des gaz à effet de serre, les conséquences du
phénomène ainsi que les nombreux mécanismes
expliquant les changements climatiques, au moyen de jeux,
de cartes mentales et de remue méninges. Des activités
parallèles laisseront place à la pratique du
zéro déchet et à diverses animations
scientifiques multidisciplinaires.
À la fin de cette aventure, le défi de trouver
des solutions applicables à la vie de tous les jours
sera lancé. Ils devront faire preuve d'ingéniosité
pour identifier des options ayant un moindre impact sur le
milieu. Ayant développé leur désir d'agir,
jeunes et accompagnateurs tenteront de mettre en application
trois des alternatives suggérées. A leur retour,
ils constitueront une nouvelle génération d'éducateurs
en environnement.
Lors de la journée retrouvailles, trois mois plus
tard, les participants reprendront les outils utilisés
lors de la première rencontre et corrigeront les informations
s'y trouvant. Réunissant participants et partenaires,
des discussions seront amorcées quant aux réussites,
aux embûches rencontrées et aux alternatives
permettant un succès.
Ce projet a d'ores et déjà comme partenaires
ENJEU, ECO-QUARTIER Laurier, Ministère des transports
du Québec, OURANOS, Université du Québec
à Montréal, Université de Montréal,
Université du Québec à Chicoutimi ainsi
que plusieurs écoles (La Prairie, Louiseville, Montréal,
Ste-Agathe
). Il est demandé aux jeunes de participer
aux campagnes de financement par le biais de repas communautaires.
Les gentils organisateurs sont toujours à la recherche
de partenaires financiers et intéressés à
recevoir de nouveaux participants désirant éveiller
leurs sens à la nature, sa beauté et à
la quiétude d'un milieu.
Pour plus d'information contactez : Annie Letendre Kocopely@hotmail.com,
(514) 527-7354
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Opinion
La gestion durable de nos forêts
On ne se trompe pas en affirmant que la forêt québécoise
est la ressource naturelle la plus abondante du Québec.
Avec ses 750 000 km2 de superficie, elle procure de l'emploi
à plus de 100 000 personnes et représente un
chiffre d'affaires de 20 milliards de dollars. Et pourtant
si elle était exploitée autrement elle pourrait
en fournir beaucoup plus et des régions comme la Gaspésie
ou l'Abitibi-Témiscamingue devraient manquer de main
d'oeuvre alors que le chômage croît dans ces régions
et que dans certaines parties du territoire les compagnies
forestières sont en rupture de stock. Pire, il faut
craindre que si on ne change rien aux méthodes d'exploitation
forestières actuelles, on s'en va à coup sûr
vers un épuisement de la ressource, avec toutes les
conséquences qui en découleront. On est donc
très loin du développement forestier durable
que plusieurs souhaitent.
Rassurons nous, tout n'est pas noir et c'est à travers
des exemples de succès que l'on peut tirer les leçons
pour l'avenir et garder l'espoir pour les générations
à venir. Il faudra évidemment que les grandes
compagnies forestères consentent à partager
leur pouvoir et cessent de regarder la forêt exclusivement
avec un signe de dollars dans les yeux. Quand on parle alors
d'éducation à l'environnement forestier, c'est
à de tels exemples qu'il faut se référer.
Il existe au Québec des modèles de «
forêt habitée » dans lesquelles le travail
forestier se fait à l'aide de chevaux de trait qui
conduit à une détérioration moins prononcée
du sol et du boisé. On procède annuellement
à un inventaire rigoureux des espèces afin de
choisir le secteur à exploiter. On concilie ici l'exploitation
forestière avec la chasse, la pêche et l'écotourisme,
et on accorde un soin particulier à la préservation
des zones humides. La forêt de l'aigle en Outaouais
appartient à ce type de forêt.
Il faut cultiver une forêt comme on cultive un jardin
nous dit le gaspésien Bernard Otis qui tire annuellement
un revenu de 30 000$ de sa forêt de 900 acres, mis à
part ce que lui rapporte son érablière. Le secret?
Il parcourt sa terre à bois et en récolte les
arbres parasités, déracinés ou fauchés
par le vent, ce qui a pour effet de réduire les épidémies
d'insectes nuisibles et offre plus de lumière aux arbres
restants pour une croissance accrue. Si le modèle des
fermes forestières avait été appliqué
il y a une cinquantaine d'années à la forêt
publique québécoise, on aurait aujourd'hui l'assurance
d'un développement durable de la ressource forestière
et d'une main d'oeuvre abondante partout sur le territoire
québécois.
Dans la forêt du lac Duparquet, l'UQAT et l'UQAM effectuent
depuis trente ans des recherches sur l'aménagement
écoystémique de la forêt boréale
mixte avec des résultats extrêmement significatifs
et prometteurs sur le plan du développement durable
de l'ensemble de l'écosystème forestier. En
1996 le gouvernement du Québec a fait de ce territoire
de plus de 8000 hectares la forêt d'enseignement et
de recherche du lac Duparquet. Deux grandes compagnies forestières
participent à ces travaux et siègent sur le
conseil d'administration de l'organisme. On devrait normalement
s'attendre à ce que les compagnies forestières
tirent profit de ces travaux.
Enfin dans la communauté autochtone des CRIS de Waswanipi
en Abitibi-Témiscamingue, l'exploitation forestière
fait l'objet d'une gestion mixte regroupant quatre compagnies
forestières, la communauté crie ainsi que des
membres des deux paliers de gouvernement. L'objectif est d'assurer
un développement durable à la forêt qui
fait partie de l'identité de la communauté crie
qui vit en grande partie des produits de la forêt. On
en est qu'au dialogue entre les partenaires. Il va falloir
que la communauté acquiert des pouvoirs sur les coupes
forestières pour que celles-ci ne se fassent pas de
manière excessive.
Ces quelques propos illustrent qu'en matière de gestion
forestière comme dans bien d'autres domaines de l'environnement,
il y a moyen de faire les choses AUTREMENT. Cette autre manière
de gérer la forêt profiterait à un plus
grand nombre de québécois qui pourraient vivre
de la ressource forestière de manière permanente.
Les exemples de réussites en matière de gestion
forestière ne sont pas que québécoises.
Des spécialistes du monde entier viendront en témoigner
au prochain Congrès forestier mondial qui débutera
le 21 septembre à Québec. Par ailleurs des écologistes,
aménagistes et ingénieurs forestiers sont à
l'oeuvre à la Commission d'enquête sur la gestion
de la forêt québécoise créée
à la suite de la Commision parlementaire de février
dernier. Gardons espoir que ces deux centres de réflexion
amèneront les décideurs à orienter l'exploitation
forestière québécoise de demain dans
une meilleure direction.
Robert
Litzler
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